Rachel Jouvet Compagnon – A cet instant précis, la jeune femme n’a qu’un seul objectif : tenter de parler à son ex-compagnon. “Je l’appelle, je lui dis de venir, il monte, mon bébé était sur le lit, elle avait deux ans à ce moment-là, elle était réveillée, donc je la prends et il me dit : pose la petite, tu vas mourir et il pointe l’arme vers moi”, dit-elle, évoquant “un miracle” lorsque l’arme est déchargée.
Elle conclut en disant : « J’ai envoyé que je dois battre, donc j’ai commencé à battre avec lui. Il m’a étranglée une fois que je suis dehors, j’ai perdu connaissance et quand mes esprits ont commencé à revenir. , j’ai rampé jusqu’à chez mes voisins qui ont appelé les secours.” Elle poursuit en expliquant que sa mère avait réussi à fuir vers les maisons d’autres proches et que sa fille avait été retrouvée berçant le corps de son grand-père.
Son ex-conjoint, condamné à trente ans de prison dont vingt avec sursis, “est sorti de prison il y a un peu plus d’un an, après environ 24 ans”, raconte le témoin qui témoigne souvent dans des assemblées scolaires ou de police et programmes de formation des gendarmes pour les sensibiliser aux violences conjugales et aux violences psychologiques.
Il est dommage qu’elle entende encore trop souvent dire « si une femme ne veut pas vivre des violences, elle n’a qu’à partir », mais elle déplore que cela n’atteigne pas forcément les filles pauvres qui aiment ça. Et de conclure : “ça concerne une femme sur dix au minimum, ça veut dire qu’on en connait forcément une”.
D’ici dimanche 25 novembre, le service Action sociale et Solidarités propose une exposition dans le cadre de la semaine de lutte contre les violences faites aux femmes. Lors du lancement samedi après-midi, Rachel Jouvet a témoigné de ce qu’elle a vécu.
« Il est important d’apprendre à exister par soi-même, à écouter ses envies et à apprendre à être heureuse », clame Rachel Jouvet, victime des abus de son ex-compagnon. Un parcours qu’elle décrit en profondeur, mais qui continue à pénaliser elle-même.
À l’âge de dix-sept ans, je me suis marié avec ma mère. Je me suis marié à 19 ans et j’ai divorcé de mon partenaire à 20 ans. Rachel Jouvet se souvient de trois années d’enfer avec un partenaire qui la contrôlait toujours et faisait des coups d’État alors qu’elle était enceinte. C’était vraiment agressif et il niait ce qu’il me faisait. Pendant un mois, j’ai été séparée de mon enfant parce que j’avais peur de mourir.
Lorsque l’ex-petit ami de Rachel s’en prend à son père et tente de l’extorquer devant leur fille de deux ans, la jeune femme s’enfuit chez ses parents. Vingt ans de prison, c’est la peine qui lui sera imposée. Après avoir souffert d’une grave dépression, Rachel s’est mise à l’écriture comme moyen d’expression. Beaucoup de ce qu’il y avait en moi avait besoin d’être exprimé. Aime les maux, discute-les, chassez-les a priori, et ne laissez pas les autres juger de moi.
En 2011, elle devient comédienne au sein de la compagnie Quidam. Patrick Choneau, metteur en scène et psychothérapeute, l’a aidée à écrire la pièce “Je te veux impeccable”, qui raconte l’histoire de sa vie. Un livre en sera également écrit sur ce sujet. Cette fois, elle écrit « Tu te prends pour qui ? » – une scène de violences conjugales ordinaires dans une voiture – toujours avec le théâtre Quidam. Le souci de raconter a toujours plagué moi. Ce que Rachel veut dire, c’est qu’elle va se reconstituer de cette façon, mais cela laissera des traces.
Une carrière de comédien m’a donné l’opportunité de grandir et de vivre pleinement la vie. J’ai eu des parents merveilleux qui ont toujours été là pour moi ; c’était un coup de chance. Aucune femme battue n’a personne pour l’aider à se sortir de cette situation difficile. Je confère une signification à mes gestes. Je tiens également à souligner l’importance du CIDFF, qui fait un travail remarquable : « centre d’information sur les droits des femmes et des familles ».
L’exposition “Femmes, la moitié du monde” sera présentée dans le hall du Pont des Arts jusqu’au 25 novembre. Accès libre. Rachel Jouvet a perdu son père après que son partenaire violent l’ait assassiné quatre ans après leur relation. Elle donne aujourd’hui son témoignage pour aider les femmes et leurs proches à comprendre comment l’entreprise psychologique d’un pervers peut s’emparer d’une victime.
Elle se sent à l’aise avec lui ; elle est très affectueuse : à la base, c’est une histoire d’amour ; le protagoniste était quelqu’un qui me tenait en haute estime, qui me faisait implicitement confiance et qui apportait beaucoup de joie dans ma vie.
Pourquoi rester lorsque surviennent les premiers incidents violents ?
Je pensais qu’il allait revenir comme il l’avait fait au début. Chaque fois qu’il devenait agressif envers moi, il disait toujours que j’avais dit ou fait quelque chose de mal pour le justifier. “Cela peut-être être vrai”, répondit Rachel. “Que c’est sa faute : ado on l’accusait souvent d’être capricieuse ou râleuse” .
“C’est dur d’être vivant et de jouir de la vie sans lui”. Depuis plus de 25 ans, Rachel Jouvet porte le poids de sa culpabilité : son père a été assassiné alors qu’il tentait de la sauver, et elle et sa fille de deux ans sont en danger à cause de son ex-détenu. La victime, qu’elle a rencontrée lorsqu’elle avait 17 ans, ne meure pas inutilement sous l’autorité de cet homme, selon cette femme qui a réussi à éviter un féminicide. Elle a découvert qu’elle était enceinte à l’âge de dix ans et demi, ce qui a été son premier choc.
“C’est quand je lui ai dit que je garderais le bébé parce qu’une semaine avant, j’avais découvert que j’étais enceinte – je n’avais pas du tout prévu de l’être – et je lui ai dit que j’étais inquiète des risques de cette grossesse”, a-t-elle déclaré. se souvient l’avoir dit à Audrey Crespo-Mara dans l’interview qui apparaît en tête de cet article. “Donc je lui ai dit : voilà, j’ai pris ma décision, je vais garder le bébé”, a surgi celle qui pensait “qu’il allait être content, (la) prendre dans les bras, (l’)’embrasser ” . Et de poursuivre : “et en fait, il s’est levé, il m’a mis une claque et a justifié ce coup en me disant que je lui avais fait du
“Il s’est mis à moi boxeur”
Je rentre dans la maison et je ne le vois pas, mais je sens sa présence et je l’entends rire. Il saute de derrière un cheval, me fait danser, je vois qu’il saigne, puis le téléphone sonne. “Il n’a pas le droit de vous filmer, vous êtes une femme battue”, lui dit l’infirmière qui s’occupe d’elle alors qu’elle passe la nuit à l’hôpital. Ce jour-là, elle réalisa que c’était la première fois qu’elle entendait de tels mots.
“Ça va se finir dans un bain de sang”
Mais pour l’instant, la femme enceinte espère que son partenaire violent réagira négativement à la naissance de son enfant. Sans succès. «Je me sens encore plus en danger et je comprends qu’il va pouvoir se débarrasser de moi», résume-t-elle. Quoi qu’il en soit, elle ne parle jamais des coups qu’elle reçoit, de peur que quelqu’un ne lui enlève son enfant.
“Et un jour, j’ai réalisé qu’il ne changerait pas et que ce serait terrible”, se souvient-elle, revenant sur l’élément qu’était la délicatesse. À ce moment-là, elle prend la décision impensable de retourner vivre chez ses parents. Je me dirais que cette petite fille va et que, peut-être, une journée, elle recevra des coups et ça. Elle a déclaré que “c’était insupportable”.
Pendant deux ans, jusqu’à la nuit blanche, son père et ses parents ont continué à la harceler et à la menacer. “Il nous appelle, nous surveille, et nous faisons des dizaines de coups de fil chaque jour pour vous dire qu’on va mourir, que ça finira dans une mare de sang”, poursuit Rachel, évoquant la peur qu’elle et ses parents ont ressentie. enduré pendant un moment. Elle continue en disant : “Il a même appelé la police pour dire ‘il va y avoir un meurtre’ à l’adresse de mes parents.” Malheureusement, cela s’est produit une nuit lorsque son ex-partenaire s’est présenté armé chez eux.
“Pose la petite, tu vas mourir”
Elle a raconté ces événements dramatiques devant les caméras de “Sept à Huit” : “je suis à l’étage avec mon bébé et j’entends mes parents dire ‘pose ton arme, on vient pas voir un enfant avec un fusil.” et j’entends que ça dégénère en fait.'” Quelques coups de feu avaient été entendus. Tu l’as tué », s’écrie ma mère, et je l’entends la menacer en disant : « tu vas crever toi aussi ». Je sais donc ce qui se passe au fond. Dès que ma mère reçoit un coup de fusil croisé, une giclée de sang et un coup à la tête, je quitte ma fille et descends les escaliers quatre par quatre jusqu’à la rejoindre. père en pleine campagne.