Robert Badinter Jeune – Diplômé d’une très grande université américaine, l’ancien ministre de la Justice est mort à 95 ans. Un représentant typique de la justice française s’est rendu à elle. Robert Badinter, ancien gardien de Sceaux qui abolit la peine de mort, est décédé dans la nuit du jeudi 8 au vendredi 9 février, à l’âge de 95 ans. Retour sur son parcours académique, qu’il a poursuivi dans de prestigieuses institutions en France et au-delà de l’Atlantique.
Né à Paris en 1928 de parents juifs originaires de Bessarabie (territoire moldave), Robert Badinter fréquente le prestigieux lycée public Janson-de-Sailly, dans le 16e arrondissement de la ville. Robert, sa mère et son frère ont fui vers Chambéry, en Savoie, pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsque leur père a été arrêté par la Gestapo. Puis, sous le pseudonyme de « Berthet », il s’inscrit au lycée Vaugelas.
Une étude du droit et de la littérature
Robert Badinter revient donc à Paris pour ses études supérieures. Il fréquente l’Université de Paris, divisée en 13 universités distinctes depuis 1970 (Panthéon-Sorbonne, Panthéon-Assas, Sorbonne-Nouvelle, etc.), pour étudier le droit et la littérature.
Ses licences de droit et de lettres sont simultanément révoquées en 1948. Il parvient à obtenir une bourse d’études en France l’année suivante et part aux États-Unis. Là, il s’inscrit dans une prestigieuse institution de l’Université de New York : Columbia. À ce stade, il obtient son « master of arts », qui est un diplôme en sciences sociales et humaines.
De retour en France, Robert Badinter n’a qu’un seul objectif : devenir avocat. Ainsi, il obtient le barreau de Paris en 1951. Il reçoit également son doctorat de la Faculté de droit de Paris, aujourd’hui installée dans le 5e arrondissement entre les bâtiments Panthéon-Sorbonne et Panthéon-Assas. Selon le classement Figaro, ces deux universités parisiennes sont actuellement les deux premières facultés de droit françaises.
Puis, en 1965, il réussit l’examen de droit privé et commence à enseigner aux universités de Dijon pendant deux ans, de Besançon pendant un et d’Amiens pendant cinq. Puis, en 1974, il commence à enseigner à la Faculté de droit de la Sorbonne à l’Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne. Il reçoit en effet le titre honorifique de « professeur émérite » vingt et un ans plus tard.
Dans cette troisième interview, Robert Badinter continue de raconter sa jeunesse de guerre, depuis son adolescence dans un village savoyard jusqu’à la déportation de son père. Il décrit le choc et l’exaltation qu’il a ressentis au moment de l’émancipation alors qu’il était un jeune homme en y repensant.
Robert Badinter poursuit son histoire d’adolescent dans ce troisième volet de “Mémorables”, qui se déroule dans un petit village français de la zone libérée au sud de Chambéry. Il refuse d’accepter les idées reçues sur cette période tragique et s’accroche plutôt à la « parenthèse apaisante » ou au « champêtre » qu’était sa vie d’adolescent.
Il continue de souligner l’unité de ce hameau, convaincu que chacun savait pourquoi il était ici et que personne n’osait contester sa présence. L’été 1943, “c’était le temps suspendu”, il se sentait protégé par ce “_filet de silence” autour d’eux. jusqu’à ce que l’histoire leur revienne avec l’invasion allemande suite au départ de l’armée italienne. Quand on a quinze ou seize ans, on ne vit pas un jour sans éprouver de l’anxiété et de la tristesse. Les adultes, oui.
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Le rituel nocturne consistant à se préparer à courir vers la fenêtre qui donne sur le jardin au premier signe de problème est quelque chose dont il dit se souvenir encore de temps en temps. Maintenant, il trouve cela « un peu puéril », et pourtant c’était un charmant rituel nocturne.
Ce mélange tragique d’anxiété et à la fois de repas délicieux, de rires avec les collègues – cela ne m’empêchait pas de penser à mon père dans son camp tous les soirs – et c’était de quoi vous nourrir de blessures, de bleus et, inévitablement, d’une soif de vengeance.
« Un été glorieux » lui vient à l’esprit lorsqu’il entend le mot « débarquement ». Ensuite, il parle de la durée de la purification dans une région où les Allemands et la Milice avaient commis des atrocités. Pendant longtemps, il a eu une impression négative du système juridique de l’époque. Ainsi, il se souvient toujours avec beaucoup d’émotion de la jeune fille qu’il a connue et qui avait été torturée. Il se disait couché, incapable de la moindre démonstration de tendresse et très recherché par la suite. Mort de Robert Badinter : aux mains d’Élisabeth, ce couple indissoluble
Un partenariat qui a marqué la Ve République a été formé par la philosophe et féministe Élisabeth et l’avocat Robert Badinter, décédé vendredi dernier. Chacun dans son sillon. Il y a de grands hommes, des femmes d’exception… sowie des couples à l’oublier. Si les deux premiers groupes sont déjà réservés aux membres ayant été testés, le troisième groupe voit la superficie réduite à la taille d’un carré orange.
Une poignée de duos composent une espèce unique, en perpétuelle disparition ou réapparition. Dans la lignée de Sartre et Beauvoir, les Badinter constituent un paysage illuminé et disruptif de ces couples non conventionnels et avant-gardistes d’idées nouvelles et de grandes batailles politiques de l’histoire intellectuelle de la France.
Si la bibliothèque possède de nombreux chefs-d’œuvre absolus, Robert (décédé le 9 février) et Elisabeth Badinter sont également accomplis dans leur domaine : Robert a aboli la peine de mort, tandis qu’Elisabeth a cherché à abolir, entre autres, le patriarcat. Ça frappe comme “Les mots” ou “Mémoires d’une jeune fille rangée” dans le monde réel.
Après Simone de Beauvoir, celle qui n’était pas épouse ministérielle ni ministre de l’élégance à ses heures de gloire en tant que magnifique créatrice de couture, mais autrice fondatrice du premier mouvement féministe, a dû se rétrécir et viser haut, au-delà du cercle académique.
Robert Badinter, grand avocat et opposant indéfectible à la peine de mort, est décédé. La peine capitale, alors progressive (la guillotine était considérée comme juste et sans torture), est désormais considérée comme inhumaine selon la loi du 9 octobre 1981. , ce qui rapproche le nom de cet enfant immigré de ceux qui ont édicté les grandes lois de la République.
Simone Veil pour l’avortement, Aristide Briand pour la laïcité, Jules Ferry pour l’école… Robert Badinter restera fidèle à son engagement pour mettre fin à la peine capitale et se battra jusqu’au bout pour en faire un principe universel.
Avec cette loi, il a fait plus que simplement la présenter ; il lui a donné une forme historique. La justice française ne sera plus une justice meurtrière demain, tout cela grâce à vous. Dès demain, grâce à vous, il n’y aura plus d’exécutions secrètes dans les prisons françaises, sous la coupole obscure, pour le bien commun.
Ainsi prend fin son heure et dix minutes d’allocation, prononcée à voix aiguë, le 17 septembre 1981, au Palais Bourbon. Robert Badinter est un maître du verbe, et le verbe a finalement déterminé son destin. Pour toujours : en septembre 1948, alors qu’il était encore étudiant en sociologie à Columbia, il avait prononcé un discours devant le futur président américain Dwight Eisenhower dans lequel il le remerciait pour la libération de la France ; cela lui avait valu une mention dans le New York Times !
Sa biographie montre la personnalité exubérante qu’il a pu avoir pour évoquer les ténèbres de l’enfance, même si l’auréole du protagoniste conserve d’abord l’air sérieux du missionnaire abolitionniste. Sa ville natale, Paris, le 30 mars 1928, était le point de rencontre de deux routes commencées sur le continent européen, dans la région de Bessarabie, entre la Moldavie et l’Ukraine.
En 1899, sa mère Chifra (qui deviendra plus tard Charlotte) y est née. Cité des massacres et de la misère. Au point que trente ans plus tard, Grandmère Idiss décide de rejoindre sa fille et son mari, les deux premiers fils déjà partis pour la France, devenus chiffonniers au Quartier Latin, aux côtés de leur grand-mère. Et vingt et une minutes plus tard, au bal des Bessarabiens de Paris, Chifra va rencontrer un jeune commerçant.
Avant son arrivée, Simon portait un nom différent, Samuel, tout comme elle. Au sein de cette Troisième République qui touche à sa fin, les jeunes garçons Badinter vont alors courir après les symboles d’une intégration réussie : un appartement dans le quartier branché du 16ème, des prénoms français pour les enfants (Claude pour le papa et Robert pour l’enfant), et un dévouement à l’éducation et à la connaissance.
L’Occupation mettra cruellement fin à cette histoire d’assimilation. Le petit Robert ne perd pas que son père, fusillé à Lyon en 1943 ; sa grand-mère paternelle Shindléa meurt dans le train pour Auschwitz, où périra également son oncle Naftoul. Puis il y a Idiss, la grand-mère bien-aimée décédée en 1942 et à qui il écrira un beau livre hommage (Idiss, éd. Fayard, 2018). Robert, sans aucun signe d’adolescent, est 17 ans à la Libération.
« J’étais un adulte », confie-t-il dans L’Homme juste (éd. Tallandier, 2021), biographie autorisée cosignée par l’historienne Dominique Missika et le journaliste Maurice Szafran. Un baccalauréat peut être obtenu à la fois en sociologie et en droit. Il choisit très jeune l’école de droit, était prêt à commencer ses études en 1950 et croisa la route d’un éminent avocat nommé Henry Torrès. Il obtiendra finalement son diplôme en 1965.
Avocat n°1 à Paris
Badinter a perdu son père et Torrès n’a jamais revu son fils, décédé en 1944. Il devient le mentor du ténor. “Tu défends un homme qui a tué ou volé, parce qu’il s’agit d’un homme d’abord”, lui dit-il en lui enseignant un principe. « Tu es maigre » est une technique. Les choses seront différentes avec vos nerfs. Encore une fois, l’ostentatoire passe avant le missionnaire. Avant que Badinter ne s’affole, il devient avocat spécialisé en droit du cinéma ; il plaidera une affaire impliquant Charlie Chaplin dans les années 1950.
Anne Vernon, jeune et belle actrice actuellement en vogue, devient la jeune et brillante conseillère du Tout-Paris tout au long de cette période mondialisée. Leur mariage de 1957 ne dure pas : en 1966, Robert se remarie avec la philosophe Élisabeth Bleustein-Blanchet. Ils s’appelleront Simon, Judith et Benjamin, et ils auront deux garçons et une fille.